UN MONUMENT - Les Misérables. Rien qu’à évoquer son titre, des noms et des images affluent pêle-mêle : Fantine, Jean Valjean, le couple Thénardier et bien sûr Gavroche, chantant fièrement sur les barricades, « c’est la faute à Voltaire ! ». La Compagnie de la jeunesse aimable, menée par Lazare Herson-Macarel, s’est plongée dans ce monument littéraire en rêvant à une version "XXIe siècle" qui reste fidèle à l’esprit de Victor Hugo. Faire un tableau de la misère sociale, une épopée qui colle au réel, de 2001 à aujourd’hui : un pari fou, ambitieux et réussi.
« Hugo est porté par une idée : la misère est un enfer où les damnés sont jetés sans avoir commis aucune faute. La misère doit donc être combattue, et, mieux encore, éradiquée. Hugo est animé par un sentiment d’urgence qui, cent cinquante ans plus tard, ne nous a pas quittés » explique le metteur en scène. Des travailleurs précaires touchés par la délocalisation de leur entreprise aux soignants d’un hôpital psychiatrique sur le point d’exploser, les combats sociaux d’aujourd’hui dépeints dans la pièce résonnent avec ceux du XIXe siècle.
Les comédiens, bouleversants, nous entraînent dans une épopée dramatique et envoûtante. Leur engagement, leur énergie et la théâtralité de leur jeu évacuent tout pathos et renforcent l’empathie que nous leur portons. Ils passent d’un rôle à l’autre avec une telle fluidité que le plaisir et l’illusion restent intacts.