Didiez Bezace, disparu en 2020, était un fin connaisseur de l'œuvre de Marivaux. Après avoir lui-même interprété le rôle de Dubois en 1993, le directeur du théâtre de la Commune d’Aubervilliers s’attaque dix-sept ans plus tard au chef d’oeuvre de Marivaux. Sa mise en scène, sobre et très précise, s’inscrit entre tradition et modernité. Dans un décor simple et élégant, sans ostentation, des pans de murs légers séparent salons et jardin, nous permettant de suivre avec une fluidité parfaite les personnages dans leurs rencontres intimes et chassés-croisés amoureux. Ce plateau dépouillé met d’autant plus en valeur la finesse de jeu des comédiens. Pierre Arditi (qui avait déjà triomphé avec Bezace à Avignon dans L’école des femmes), est un Dubois tout de noir vêtu, ironique et manipulateur, qui n’est toutefois jamais cynique. Face à lui, Anouk Grimberg est une magnifique Araminte, toute en nuances délicates. Une adaptation d’une grande qualité, servie par une distribution de choix.