UN CID POUR JOUER - Attention, la pièce est présentée comme l’ « Histoire d’un Cid », une « variation » de la pièce de Corneille. Les puristes risquent d’y trouver à redire. Ce qui est sûr, c’est que Jean Bellorini a gardé sa part d’enfance pour relater avec sa troupe du Théâtre National Populaire le fameux dilemme cornélien, devant la façade de style Renaissance du château de Grignan. Rodrigue (François Deblock filiforme, cheveux ébouriffés tel un personnage de bande dessinée) est pris en étau entre son amour pour la belle Chimène (Cindy Almeida de Brito) et le devoir de venger l’honneur de son père giflé par le paternel de la jeune fille (Federico Vanni, également Léonor, la gouvernante de l’Infante (vibrante Karyll Elgrini). La scénographie originale détermine le parti pris d’une mise en scène fluide guidée par une fougue juvénile. Ça rit beaucoup dans les gradins, et les personnages majestueusement incarnés enchaînent alexandrins et chansons comme dans une cour de récréation. « Je ne suis pas un héros », fredonne Rodrigue (François Deblock) à califourchon sur une structure gonflable. Mais la troupe prononce avec art les célèbres tirades : « O rage ô désespoir… », « La valeur n’attend point le nombre des années », …. L’intention du directeur du TNP est de distraire le plus grand nombre. Il y réussit dans la joie et la bonne humeur.